8 juin 2022

Source : Vlerick Business School

 

La Vlerick Business School publie chaque année les résultats de son M&A Monitor. Pour son rapport 2022, elle a interrogé près de 200 spécialistes belges (notamment des conseillers en financement d'entreprises, des investisseurs en capital-investissement, des conseillers stratégiques, des banquiers et des avocats), qui représentent tous les secteurs et toutes les tailles de transaction. L'enquête s’intéresse d'une part à leurs expériences vis-à-vis des opérations auxquelles ils ont participé en 2021 et d'autre part à leurs attentes pour 2022. 

Voici en bref les tendances et les chiffres mis en avant par le rapport.

 

Le marché des OPA est en plein essor comme jamais auparavant

Après le sérieux plongeon qu’a connu le marché mondial des fusions et acquisitions à la suite du  Covid-19, l'année 2021 voit non seulement une reprise, mais aussi un pic sans précédent du nombre de transactions et des montants payés. Au niveau mondial, près de 6 000 milliards de dollars ont été dépensés, ce qui dépasse largement le total des années record de 2007 et 2015.

Le marché belge des fusions et acquisitions a également repris en 2021. 73% des experts interrogés indiquent que l'activité d'acquisition a augmenté en 2021 et, pour 1 expert sur 4, cette augmentation est même supérieure à 20%. La croissance est la plus forte dans le segment des grandes opérations d'acquisition (plus de 100 millions d'euros), où 37% des répondants indiquent une croissance de 20% ou plus. Les acteurs du capital-investissement affichent également une croissance prononcée : 42% d'entre eux ont vu une augmentation des transactions de plus de 20% en 2021.

La valeur augmente à nouveau

En 2021, un niveau record de 6,7 fois l'EBITDA (c'est-à-dire le flux de trésorerie d'exploitation) en moyenne a été payé pour l'acquisition d'une entreprise, tous segments de taille confondus ; une légère augmentation par rapport à 2020 (6,4).

Dans le segment plus restreint des opérations d'une valeur inférieure à 1 million d'euros, le multiple est de 4,5. Pour les opérations de plus de 100 millions d'euros, on a payé jusqu'à 9,9 fois la valeur de l'EBITDA.

Par ailleurs, le secteur pharmaceutique reste celui où le niveau est le plus élevé (9,4), suivi par les technologies (8,7) et les soins de santé (8,4). En bas de la liste, on retrouve le transport et la logistique, le commerce de détail et la construction.

Le développement durable n'est pas encore une priorité

Alors que le monde des affaires accorde une attention croissante à l'ESG, cela ne se traduit pas encore au niveau des fusions et acquisitions. Les facteurs ESG ne sont pris en compte que dans 35 % de l'ensemble des rachats stratégiques. Bien que les acteurs du capital-investissement fassent mieux avec 49%, seuls 38% d'entre eux ont une politique d'investissement ESG formelle dans laquelle il est explicitement déterminé d'investir ou non dans certains secteurs ou de ne sélectionner que les entreprises cibles qui obtiennent de bons résultats en matière de mesures ESG. Enfin, l'étude montre que c'est principalement la composante environnementale de l'ESG qui est prise en compte dans les analyses ESG, plutôt que le "social" et la "gouvernance".

Motifs de prise de contrôle et structure de l'opération

Les économies d'échelle restent la principale motivation des acquisitions. Dans des secteurs spécifiques tels que celui de la technologie, du streaming et des jeux vidéo, la recherche d'une position de leader sur le marché a même conduit à un regroupement de méga transactions. En outre, l'accès aux connaissances et aux talents gagne en importance, notamment en raison de l'étroitesse du marché du travail. Un autre motif qui a gagné du terrain en 2021, c'est la capacité à utiliser les canaux de distribution de l'autre et, ce faisant, l'accès à des marchés nouveaux et étrangers. Pour les acteurs du capital-investissement, la croissance reste le principal motif d'acquisition.

En termes de financement, l'utilisation de mécanismes de paiement différé tels que les prêts fournisseurs (38 %) et les compléments de prix (30 %) est revenue à des niveaux normaux. En ce qui concerne les acquisitions dans des secteurs tels que le divertissement et le commerce de détail, les banques sont moins enclines à accorder des prêts.

Enfin, la forte incertitude géopolitique, combinée à l'inflation et aux chaînes d'approvisionnement perturbées, rend les prévisions pour 2022 difficiles.

 

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